LE FOCUS-STACKING
Utilité de cette
technique:
Par
construction, les appareils photo modernes sont incapables
de restituer avec une netteté suffisante les détails de
sujets placés à moins de 20 centimètres du plan focal. Cela
nécessiterait que les objectifs utilisés aient un tirage
bien plus important que celui retenu pour leur conception.
La méthode la plus simple pour s'approcher du sujet
consiste à intercaler un dispositif entre l'objectif et
l'appareil. Mais se pose alors le problème de la zone de
netteté qui se réduit comme peau de chagrin.
On peut fermer le diaphragme au maximum mais le flou
provoqué par la diffraction de la lumière sera très
important.
Le focus-stacking est LA solution pour utiliser l'objectif à
son meilleur niveau de performance et envisager une zone de
netteté presque infinie.
Le principe du
focus-stacking:
Si la zone de netteté
d'une photo est de 1 mm et que la zone à couvrir est de 15 mm,
il suffit de faire 15 photos en décalant la mise au point de 1
mm à chaque fois et d'empiler (stacker) les 15 photos
réalisées en ne conservant pour chacune que la zone nette.
Le principe est simpl(ist)e mais sa réalisation devient vite
très ardue et nombre d'amateurs sont découragés par la
médiocre qualité du rendu final.
Pour publier une photo sur le web en 800 pixels, le résultat
pourra apparaître convaincant mais pour l'imprimer au format
A3, il faut une qualité exemplaire.
Les nombreuses difficultés que j'ai rencontrées m'ont obligé à
faire des choix tant sur le matériel que sur la technique de
prise de vues pour définir la procédure que j'utilise
maintenant tant en studio que sur le terrain.
Le
choix du matériel:
N'importe quel
appareil photo équipé d'un objectif macro fera l'affaire.
On peut même utiliser une "bonnette macro" mais un
matériel sérieux sera un gage de réussite. Pour ma part,
j'utilise un boîtier Canon 90D équipé du 60mm macro de
Canon, combinaison qui me donne entière satisfaction. Un
autre boîtier fera aussi bien l'affaire sauf pour la
technique de bracketing exposée plus loin.
Un trépied rigide est absolument indispensable, de même
qu'une tête 3 axes. Sur mon trépied Benro à colonne
inclinable, j'ai opté pour une tête Manfrotto MHXPRO-3WG
permettant un déplacement micrométrique sur les trois
axes.
Un Rail de mise au point macro métallique à vis sans fin Neewer complète le
tout.
L'éclairage:
Compte tenu du
nombre très élevé de photos à réaliser, l'utilisation
du flash électronique de type cobra est déconseillée
(j'en ai cramé 2). Prévoir pour le studio un éclairage
continu fluorescent type lumière du jour (5500°
Kelvin) ou des panneaux LED dont l'intensité pourra
varier. Des lampes de poche à LED puissantes (1200
lumens) permettront de sculpter la lumière et jouer
sur les transparences. Attention toutefois à ces
lampes qui fournissent une lumière très froide (entre
10000 et 20000° Kelvin). Il faudra les équiper de
filtres jaune ou orangé pour faire descendre leur
température de couleur.
Ces lampes seront également utilisées lors des prises
de vues en extérieur avec leurs supports adaptés.
La
prise de vues:
La
méthode la plus simple consiste à
déterminer la zone de netteté
correspondant à la mise au point actuelle,
appelée zone de netteté unitaire, fonction
de la distance sujet/plan focal et
ouverture de diaphragme, puis la zone à
couvrir pour que le sujet soit entièrement
net, et effectuer les calculs suivants:
zone
à couvrir / zone de netteté unitaire x
1,5 *= nombre de photos à prendre
puis
zone
à couvrir / nombre de photos à prendre =
déplacement de l'appareil entre chaque
prise.
*
le facteur 1,5 est destiné à créer une
zone de recouvrement pour éviter les
"trous" dans la netteté globale.
La mise au point étant effectuée sur la
zone du sujet la plus proche de
l'objectif, il ne reste plus qu'à prendre
autant de photos que calculé en déplaçant
chaque fois l'appareil vers l'avant de la
distance calculée par la deuxième formule
à l'aide de la vis sans fin du rail
micrométrique, sans modifier aucun des
réglages de l'appareil ou de l'éclairage.
Une méthode plus simple, et beaucoup plus
rapide, consiste à utiliser la fonction de
"bracketing de mise au point" que
possèdent certains boîtiers, dont le 90D
de Canon. Il suffit d'indiquer à
l'appareil le nombre de photos désirées et
le décalage, en pas de mise au point de
l'objectif, pour qu'il les prenne en
rafale en quelques secondes.
L'empilement
des images:
C'est la partie la plus facile. plusieurs
logiciels, dont Photoshop, permettent cet
empilement. J'utilise pour ma part Helicon
Focus dont la simplicité d'emploi au vu du
résultat final est incomparable.
Il permet en outre de retoucher "à la
main" les zones de netteté et de flou,
permettant une approche artistique.
Conclusion
Le Focus-Stacking est
une technique passionnante qui produit des
résultats remarquables pour peu que l'on
maîtrise les paramètres de son appareil.
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EXEMPLES
DE RÉALISATIONS
Galle du chêne provoquée par Andricus quercustozae
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